mercredi 10 décembre 2008

Balladur veut aller au bout de ses idées

Jeudi, Édouard Balladur sera à Lyon. À l'invitation de Jean-Jack Queyranne, le président PS de la Région Rhône-Alpes, l'ancien premier ministre rencontrera l'exécutif régional. Il rencontrera également le président du conseil général du Rhône, le centriste Michel Mercier, et le maire de Lyon, le socialiste Gérard Collomb. Toute la complexité du «millefeuille territorial» en une seule journée.

Édouard Balladur écoute et consulte beaucoup. Jeudi, avec les dix autres membres de son comité, il déjeune avec Michèle Alliot-Marie au ministère de l'Intérieur. La semaine prochaine, il recevra Martine Aubry, avec l'espoir que contrairement à ce qu'ils avaient fait sur la révision constitutionnelle, les socialistes cherchent à participer à l'élaboration de la réforme plutôt qu'à camper sur une posture d'opposition de principe. Avec la présence, dans son comité de l'ancien premier ministre Pierre Mauroy, un homme «tolérant et sympathique», et du député André Vallini, qu'il apprécie aussi, Édouard Balladur se veut confiant.

Mais l'ancien premier ministre se veut aussi lucide. Du premier comité qu'il avait présidé, sur la réforme des institutions, il a retenu que la recherche du consensus pouvait conduire à un excès de prudence. Partisan du régime présidentiel, il avait renoncé à l'inscrire dans ses conclusions car trois autres membres seulement sur treize y étaient favorables.

Cette fois, Édouard Balladur entend bien aller «jusqu'au bout de ses idées», comme il le confie. Jusqu'au bout de ses idées, c'est repenser l'organisation territoriale autour d'un «nouveau couple» composé des Régions et des structures intercommunales. Sans pour autant supprimer ni les départements ni les communes. C'est sur ce nouveau couple, qu'il veut faire des propositions.

Les Régions ? Il faut en réduire le nombre, pense-t-il. Dans ses conclusions, il se gardera bien de citer celles qu'il faut regrouper, contrairement à Nicolas Sarkozy, qui a anticipé une fusion des deux Normandies. Quant aux structures intercommunales, il devrait se prononcer pour leur élection au suffrage universel, contrairement, là encore, à Nicolas Sarkozy, qui s'y est dit opposé pour ne pas créer un «conflit de légitimité». Pour plus de lisibilité, le comité Balladur devrait proposer de doubler le nombre de communautés urbaines, aujourd'hui au nombre de 14.

S'il ne veut pas anticiper sur les conclusions du comité, qu'il devrait remettre fin février à Nicolas Sarkozy, l'ancien premier ministre se montre encore partisan d'une «prohibition» du cumul des mandats, source à ses yeux de blocage des réformes territoriales. En 1999, Lionel Jospin, alors à Matignon, avait tenté d'imposer le mandat unique, mais s'était heurté à la résistance des parlementaires, sénateurs en tête. Une limitation du cumul avait déjà été inscrite dans le projet de révision constitutionnelle, mais n'avait pas été reprise dans le texte du gouvernement. Une deuxième fois sur le métier, Édouard Balladur remet son ouvrage.