mardi 9 décembre 2008

Tribune de Michel Vauzelle

Le Président de la République veut-il tuer les Régions ? On peut très sincèrement se poser la question quand on voit dans quelles conditions se prépare la réforme des collectivités locales. Le comité Balladur, chargé de remettre ses propositions dans moins de trois mois, travaille dans le secret, aucun président de Région n’ayant été à ce jour associé à cette réflexion. Nous avons tous dénoncé cette absence de concertation, jeudi et vendredi derniers à Caen où se tenait le congrès de l’Association des Régions de France. Les seules informations dont nous disposons, nous les découvrons dans la presse ! Elles sont souvent contradictoires, toujours alarmantes.

Je ne suis pas opposé à une clarification des missions des différents échelons territoriaux, même si nous prouvons jour après jour, par nos programmes d’investissements, que nous savons travailler ensemble dans le sens de l’intérêt général. Le président de la République le reconnaît lui-même puisqu’il vient de demander aux collectivité locales, là encore sans la moindre consultation, d’apporter 2,5 milliards d’euros au plan de relance gouvernemental. Mais si clarification il doit y avoir, commençons d’abord par les relations entre les collectivités locales et l’Etat : ce dernier continue à se mêler de tout, même des compétences qui nous ont été transférées !

Je n’accepterai pas, par ailleurs, que sous l’affichage d’une régionalisation approfondie soit organisée, de fait, une départementalisation des Régions. Il est ainsi envisagé, pour mettre fin à ce que le gouvernement désigne comme un mille-feuille territorial, que les conseillers généraux deviennent de fait les nouveaux conseillers régionaux. Cela ne pourrait qu’ajouter à la confusion des genres, à une dénaturation de l’entité régionale.

Ma seconde crainte concerne un éventuel changement du mode de scrutin. En quatre élections régionales, nous avons déjà connu règles différentes ! Envisager de modifier une fois encore le mode de scrutin, alors que le fait régional s’est affirmé grâce à l’élection directe du Président de la Région, c’est menacer le pays d’une très grave régression démocratique.

Pour des raisons purement politiciennes, le gouvernement cherche à opposer départements et Régions. Nous ne nous laisserons pas abuser par cette manœuvre grossière. La France a besoin de ses départements ; elle a aussi besoin de Régions fortes comme c’est aujourd’hui le cas dans tous les grands pays européens. Le général de Gaulle en 1969, puis François Mitterrand en 1982, le clamaient déjà avec force : battons-nous à notre tour pour que soit engagée une nouvelle étape de la décentralisation, pour des Régions pleinement reconnues dans une République adulte et responsable