samedi 17 janvier 2009

Le PS divisé sur la réforme des territoires

Comment le PS doit-il appréhender la réforme des collectivités locales ? A un mois de la remise du rapport commandé à Edouard Balladur, la question est loin d’être réglée. (Source Libération)

Mardi, un «projet de note» d’Elisabeth Guigou, secrétaire nationale pour la réforme de l’Etat, a été retoqué à l’unanimité par le groupe socialiste du Sénat. Le soir même, lors du bureau du parti, plusieurs dirigeants ont de nouveau critiqué ce rapport ainsi que celui que leur a présenté Michel Destot, président socialiste de l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF).

Piste. En réalité, si ces deux contributions ont tant déplu, c’est qu’elles convergent vers les pistes relativement audacieuses explorées par le comité Balladur : renforcement de la légitimité démocratique des intercommunalités ; clarification et éventuellement limitation des compétences des régions et départements. Les leaders socialistes des grandes associations d’élus locaux (maires, présidents de régions et de départements) ont déjà dit leur méfiance sur ces réformes qui, selon eux, seraient au service de la revanche électorale de la droite dans les territoires.

Mais les maires des grandes villes sont plus nuancés. Comme Balladur, ils estiment que la nouvelle organisation territoriale de la France doit commencer par la création d’une trentaine de «métropoles fortes». Michel Destot, maire de Grenoble, et André Rossinot, maire UMP de Nancy, l’ont expliqué hier conjointement, au nom de l’AMGVF, association dont font aussi partie Lille et Paris, fiefs de Martine Aubry et de Bertrand Delanoë.

A l’évidence, le débat sur l’organisation territoriale ne se limitera pas à un affrontement droite-gauche. Au-delà des clivages politiques, les positions sont dictées par les mandats. C’est ainsi que les maires des petites villes ne veulent pas d’une élection au suffrage universel des élus intercommunaux qui menacerait leur légitimité. «Dans un parti d’élus, sur ces sujets, il y en a toujours qui viennent défendre leur bout de gras…» reconnaît un dirigeant socialiste.

Au bureau national, plusieurs intervenants ont estimé que la note d’Elisabeth Guigou méritait une introduction. «Un chapeau politique sera ajouté sur l’état d’esprit du parti pour montrer que nous ne sommes pas dupes, notamment sur les objectifs des changements de mode de scrutin régional», confirme François Lamy, proche de Martine Aubry. Laquelle sera auditionnée le 28 janvier par la commission Balladur.