samedi 7 mars 2009

JEAN-PIERRE RAFFARIN: «UNE COMMUNAUTÉ DE RÉGIONS ME CONVIENDRAIT»

Non au dépeçage. Jean-Pierre Raffarin est radicalement opposé à un dépeçage de la région qui offrirait le Poitou aux Pays-de-Loire et les Charentes à l'Aquitaine. «Non-sens. Il faut conserver l'acquis de vingt ans de travail entre les quatre départements. Et j'ai toujours dit que je préférais que l'on devienne le nord du sud sur l'axe Paris-Bordeaux-Madrid que le sud du nord ou une zone périphérique de l'ouest.» «Les centres de décision d'EDF, de la SNCF, de la Caisse d'épargne, voire de certaines caisses du Crédit agricole ont quitté la région. Ne l'ignorons point. Il nous faut un cadre plus large.»

Non aux conseillers territoriaux. Dans les hypothèses du rapport Balladur, le sénateur Raffarin rejette l'idée des conseillers territoriaux qui siégeraient à la fois au Département et à la Région. «Il y aura moins d'élus mais les deux structures resteraient. Ce qui veut dire qu'à terme on ira vers une collectivité unique: la région. Je ne suis pas certain que les sénateurs, souvent élus dans les départements, l'approuvent.» Il redoute aussi une «cantonalisation» des régions où chaque élu de secteur viendrait faire son marché. Il y préfère le scrutin de liste actuel.

Oui à proximité et puissance. Selon Jean-Pierre Raffarin, il y a dans le rapport Balladur une place pour la ligne qu'il défend, la proximité - le maintien des départements et un statut particulier pour onze grandes métropoles - et la puissance - des régions plus grandes «aux environs de 5 millions d'habitants». «A défaut, nous maintiendrions des espaces trop étroits entre départements et régions. Je sais d'expérience que cela crée des frictions, région et pays contre département et communautés de communes.»

Oui aux compétences générales. Aujourd'hui, toutes les collectivités territoriales, au-delà de compétences obligatoires, peuvent intervenir dans tous les domaines. «Et je suis partisan que ça dure parce que je reste girondin dans l'âme. Sans cette libre initiative, Monory n'aurait pas fait le Futuroscope. Sans cette liberté, l'Etat mettra des carcans partout, ce sera le retour du jacobinisme», estime l'ancien Premier ministre.

Oui aux communes et communautés obligatoires. La commune est la vache sacrée de la France. Le rapport Balladur n'y touche point mais prévoit une obligation d'adhésion à des communautés de communes. «C'est une bonne chose. La nouvelle taxe professionnelle, calculée sur les bénéfices, la valeur ajoutée ou l'immobilier d'entreprise, pourra être une incitation forte.» Opposé à l'élection au suffrage universel des élus des communautés, il est en revanche favorable à ce que les délégués d'une municipalité à la communauté de communes soient clairement affichés lors des élections municipales.

Oui au référendum. Mettre le rapprochement des régions à la voie référendaire est un risque quand on sait la propension des électeurs à dire non dans ce cas de figure. «Oui, mais c'est le bon moyen d'avoir de vrais débats argumentés. Et, quitte à perdre, je préfère le non du peuple à celui d'élus conservateurs. Je suis dans le camp des réformateurs.»