mercredi 21 octobre 2009

La réforme territoriale, c'est "le retour à une politique de supermarché"

ITV Jean Jacques Queyranne dans l'Express.fr

Que pensez-vous de la réforme territoriale présentée ce jour par le président de la République?

Son premier objectif est d'organiser un fric frac électoral. Il s'agit, avec le conseiller territorial, de créer un mouton à cinq pattes. Celui-ci sera élu dans un super-canton savamment découpé par Alain Marleix (secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités locales, ndlr) et sur la base d'un mode de scrutin mixte mais à 80 % uninominal à un tour, ce qui favorise grandement l'UMP. Plus profondément, il s'agit de couper les ailes aux régions par une politique de recentralisation.

Pourquoi?

Prenons l'exemple de la région Rhône-Alpes. Si la réforme passe, il y aurait 240 à 250 conseillers territoriaux. Ce seront des professionnels de la politique puisqu'il est prévu qu'ils touchent 80% de l'indemnité parlementaire. Comment vont-ils décider pour la région? Qui peut penser qu'une vision régionale sortira de cette nouvelle instance? Chacun fera ses courses pour son territoire et l'on reviendra à la politique de supermarché d'avant les lois de décentralisation de 1982.

N'est-ce pas leur faire d'emblée un procès d'intention?

Qui peut penser qu'une vision régionale sortira de cette nouvelle instance? Je pense très profondément, au delà de la polémique politicienne, que ce projet est contraire à l'intérêt de la France et des Français. Aujourd'hui, ce qu'on attend des régions, c'est d'être des porteuses de projets structurants et innovants. Or la réforme conduit à la cantonalisation des régions. Sans compter qu'on privera les régions de leur clause de compétence générale et qu'elles perdront quasiment toute leur autonomie fiscale avec la réforme de la taxe professionnelle. Il ne nous restera plus que la taxe sur les cartes grises comme levier d'action ! Il s'agit d'une réforme scélérate contraire à l'esprit de décentralisation. La gauche ne votera pas contre son histoire.