vendredi 16 octobre 2009

Fillon inflexible sur les réformes malgré la fronde des élus

Source : L'Express

Le Premier ministre a présidé la cinquième réunion de la conférence nationale des exécutifs (CNE) pour faire le point sur la suppression de la taxe professionnelle, soumise la semaine prochaine aux députés dans le cadre du projet de budget 2010, et le texte sur la modernisation de l'organisation territoriale, présenté mercredi prochain en conseil des ministres.

Un "dialogue de sourds" aux dires d'élus de l'opposition conviés durant trois heures à Matignon et qui affirment pour certains avoir claqué la porte, ce qu'ont démenti le chef du gouvernement et la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

"C'est un texte meurtrier pour la décentralisation", a dit le socialiste Alain Rousset à propos de la réforme des collectivités. Quant à la disparition de la taxe professionnelle le 1er janvier 2010, elle saignera les finances locales, a ajouté le président de l'Association des régions de France.

"On a un Etat qui nous demande, parce qu'il s'est vidé les poches, de faire les nôtres", a-t-il dit à la presse en sortant de la réunion.


François Fillon a pris acte des objections des régions, majoritairement à gauche, qu'il a jugées "plus idéologiques que techniques", et a salué le discours "plus constructif" des départements et communes.

Le socialiste André Laignel, secrétaire général de l'Association des maires de France, a pourtant déploré "un jeu d'ombres".

"Je citerai le poète Scaron : je voyais l'ombre d'un cocher, tenant l'ombre d'une brosse qui nettoyait l'ombre d'un carrosse", a-t-il dit aux journalistes.

"COMPLÈTEMENT RINGARDS"

Le socialiste Claudy Lebreton, président de l'Association des départements de France, a fait entendre les mêmes regrets.

"On peut chanter tout ce que l'on veut, ils n'entendent plus rien. Les choses sont bouclées, c'est un dialogue de sourds. (...) L'immense majorité des présidents, y compris de droite, sont hostiles à cette réforme des collectivités territoriales", qui créera 3.000 conseillers territoriaux - contre 6.000 élus locaux aujourd'hui.

François Fillon a assuré que l'exécutif n'était pas "fermé" aux propositions mais qu'il serait "inflexible" sur deux points.

"Pas d'immobilisme - on ne renoncera pas à cette réforme parce qu'elle est absolument nécessaire à la modernisation de notre pays - et deuxièmement pas de fausse réforme", a-t-il dit.

"On ne va pas recréer une nouvelle taxe professionnelle parce que d'amendement en amendement et de suggestion en suggestion cela nous serait proposé", a-t-il souligné.

La taxe professionnelle est la principale ressource financière des collectivités (22 milliards d'euros par an).

"Cet impôt était devenu une sorte de bricolage monstrueux", a justifié le Premier ministre.

"Si on veut retrouver l'équilibre de nos finances publiques, nous n'y parviendrons que si l'Etat, les collectivités locales et les comptes sociaux participent au retour à l'équilibre", a martelé François Fillon. "Il n'y a pas d'un côté l'Etat et de l'autre les collectivités locales."

Le socialiste Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, a fustigé un Etat "donneur de leçons".

"C'est ce gouvernement qui crée des déficits abyssaux qui se permet de donner des leçons et qui s'attaque à l'autonomie des collectivités locales", a-t-il dit.

"Cet Etat est un état centralisateur, jacobin, napoléonien, haussmannien. Ils sont complètement ringards", a-t-il lancé.

Cette attaque "n'a aucun sens", a répliqué François Fillon lors d'une conférence de presse.

"Toutes les régions ne sont pas condamnées à être éternellement de gauche", a-t-il ajouté à cinq mois des élections régionales. Vingt des 22 régions françaises sont actuellement dirigées par la gauche.