samedi 7 mars 2009

Bussereau : "contre le dépeçage des régions"

Lepoint.fr : Êtes-vous, à l'instar de Jean-Pierre Raffarin, favorable à la tenue de référendums en Aquitaine et Poitou-Charentes sur la question d'une fusion de ces deux régions ?
Dominique Bussereau : C'est une proposition commune que nous avons faite dès le mois de décembre , lorsque nous avons écrit tous les deux au président de la République pour lui proposer la fusion du Poitou-Charentes et de l'Aquitaine. Maintenant, nous proposons aux deux présidents de régions d'organiser le plus vite possible un référendum, comme la loi de l'acte II de la décentralisation qu'a fait voter Jean-Pierre Raffarin le permet.

Lepoint.fr : Reste à convaincre les présidents PS des régions Aquitaine et Poitou-Charentes Alain Rousset et Ségolène Royal...
D. B. : En effet. Mais je ne suis pas inquiet sur le fait que la proposition puisse les intéresser.

Lepoint.fr : Lors des discussions du comité, il a aussi été envisagé un possible dépeçage de la région Poitou-Charentes avec une Charente-Maritime qui serait rattachée à l'Aquitaine et le reste au Limousin...
D. B. : C'est quelque chose dont je n'ai entendu parler que dans la presse. Je ne pense pas que ce soit l'objet de débat au sein du comité Balladur. Je ne suis pas pour le dépeçage des régions, mais pour leur rapprochement. Si j'étais bas-normand ou haut-normand, j'aimerais bien que les deux régions travaillent ensemble. Le Poitou-Charentes est une petite région avec quatre départements (Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Charente, Vienne), mais sans ville de plus de 100.000 habitants, même si Poitiers (91.000 habitants) est une ville universitaire depuis dix siècles. La métropole légitime de rattachement est Bordeaux : la région ferroviaire est déjà là-bas, tout comme la zone de défense et celle de France Télécom. Une région doit s'appuyer sur une grande métropole. Et des métropoles, en France, il n'y en a pas 22.

Lepoint.fr : Pourquoi est-il indispensable d'avoir une telle fusion de régions ?
D. B. : Le problème actuel, ce n'est pas tellement les conflits de compétences. Régions et départements sont tellement proches en termes de puissance budgétaire et possibilités d'interventions que parfois, il y a en effet des actes qui se recoupent un peu. Le département que je préside, la Charente-Maritime, a un budget beaucoup plus important que sa région. À partir du moment où les aires géographiques des régions seront beaucoup plus importantes, qu'elles se consacreront beaucoup plus au développement économique, il n'y aura d'ailleurs plus de problème de clause de compétence générale (elle permet, en principe, aux communes, départements et régions d'agir dans tous les domaines de l'action publique dans la mesure où est en jeu un intérêt public local, NDLR).

Lepoint.fr : Que pensez-vous de la fusion des scrutins départementaux et régionaux proposée par le comité Balladur ?
D. B. : Je n'y suis pas favorable. Je suis hostile par principe à la proportionnelle. C'est un scrutin qui introduirait une politisation des scrutins locaux. Je suis partisan de maintenir pour les départements le mode de scrutin par canton, au suffrage direct à deux tours, quitte à modifier la carte des cantons pour tenir compte de l'évolution de la démographie, comme le font actuellement la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et le secrétaire d'État aux collectivités territoriales Alain Marleix pour les circonscriptions législatives.

Lepoint.fr : Que préconisez-vous d'autre ?
D. B. : Les départements doivent garder la clause de compétence générale. Les régions doivent accentuer leur implication dans le développement économique. D'ailleurs, elles sont peu réactives par rapport à la crise, parce qu'elles n'ont pas forcément la dimension adéquate, en tout cas pour les petites régions. L'idée d'Édouard Balladur de passer de 22 à 15 régions me paraît donc excellente.
Abonnez-vous à notre newsletter