mardi 21 juillet 2009

Claudy Lebreton : "C'est la mort programmée des départements et des communes"

Etes-vous surpris par cet avant-projet, qui semble aller beaucoup plus loin que prévu dans la réforme annoncée des collectivités?

Je suis surpris par sa brutalité. On avait entrepris beaucoup de travail en amont avec Michèle Alliot-Marie, pour essayer d'arriver à un plus large consensus. Mais avec le changement de ministre, on assiste à une parodie de concertation. Nous devions, Alain Rousset, Jacques Pélissard et moi -respectivement président de l'association des régions de France (ARF) et président de l'association des maires de France (AMF)-, avoir un rendez-vous ensemble avec Brice Hortefeux. Finalement, je le vois seul ce soir et mes collègues, mercredi. Vous connaissez l'adage? Diviser pour mieux régner!

Quels sont les points que vous contestez dans ce texte?

Je suis en désaccord total avec les trois points concernant le département: les conseillers territoriaux, les métropoles et la clarification des compétences. Ce texte est un contre-sens historique qui marque le retour à l'Etat fort. Pierre Mauroy parlait de "Big Bang", moi je parle de "charivari". C'est la désorganisation totale. On concentre les richesses dans les métropoles et on condamne la démocratie locale. Les conseillers territoriaux qui siègeraient dans deux commissions (département et région) seraient obligés d'occuper ce poste à plein temps et seraient alors éloignés du terrain et des gens. Tout cela pour quoi? Des économies? Nous avons commandité une étude qui montre que cette réforme entraînerait des dépenses supplémentaires pendant 10 ans.

Est-ce le début de la fin pour les départements?

Oui. Il n'y pas une suppression immédiate des départements mais je peux vous dire que c'est la mort programmée des départements et des communes.

Quelle va être la suite des événements?

Maintenant, on va attaquer! Bardé de constitutionnalistes et d'avocats, on ne laissera pas passer la moindre faille dans le texte. Je vais essayer de voir avec Alain Rousset et Jacques Pélissard pour convoquer une réunion extraordinaire avant la fin août. Et avec le réseau d'élus, on est prêt pour la bataille. La rentrée va être chaude.