mardi 17 novembre 2009

Fable

Source : Paul Quinio dans Libération

Des élus locaux conservateurs et corporatistes contre un président réformateur soucieux de moderniser l’Etat. C’est la fable que cherchent à vendre Nicolas Sarkozy et François Fillon alors que la République des maires, des conseillers généraux et régionaux organise la fronde contre les réformes des collectivités territoriales, de la taxe professionnelle et, peut-être, du mode de scrutin des futurs élus territoriaux. Mais comme la grogne monte aussi des rangs de la droite, l’intox gouvernementale sur les raisons de cette colère ne passe pas la rampe de la bonne foi.

Le malaise des élus révèle d’abord un problème de confiance dans la parole de l’Etat, sérieusement entamée depuis la décentralisation Raffarin et le transfert non financé de certaines compétences étatiques vers les collectivités. Mais la colère des élus souligne aussi les contradictions de Nicolas Sarkozy, un jour plus décentralisateur que moi tu meurs, le lendemain volontiers jacobin. Avec la réforme de la taxe professionnelle, l’Etat donne le sentiment de vouloir reprendre d’une main ce que la réforme des collectivités territoriales cédait de l’autre. Le sarkozysme est un pragmatisme, ont coutume de dire les fans du chef de l’Etat. Fragilisé par la confusion de réformes mal ficelées et menées toutes en même temps, ce pragmatisme est en train de se prendre les pieds dans le tapis de l’histoire de France. Moins d’Etat ou plus d’Etat, plus de compétences ou moins de moyens pour les collectivités ? Où va, que veut Nicolas Sarkozy ? C’est la question que lui posent les élus grognards.