mardi 23 décembre 2008

Le JDD : Suite des déclarations de Lefebvre

Entre l'emploi et le logement, le millefeuille territorial. Par la voix de son omniprésent porte-parole, Frédéric Lefebvre, l'UMP a fait savoir lundi que la réforme des pouvoirs publics locaux constituerait l'une de ses trois grandes priorités pour l'année 2009. Sans surprise, ce chantier a également été déclaré majeur par l'Elysée. En octobre, Nicolas Sarkozy a mis sur pied un comité afin de plancher sur ce sujet. Présidé par Edouard Balladur et auquel participent notamment les socialistes Pierre Mauroy et André Vallini, l'aréopage doit rendre ses conclusions en février. Un projet de loi pourrait alors être examiné par le Parlement à l'automne 2009. Mais cette échéance apparaît aujourd'hui très lointaine tant la réforme du millefeuille territorial s'annonce piégeuse pour un gouvernement déjà malmené ces dernières semaines sur plusieurs dossiers sensibles, comme l'audiovisuel public, le travail dominical ou la réforme du lycée.

Attali au panier

Du coup, à l'UMP, on prend les devants. Avec la crise, "nous avons un devoir de modifier à la fois rapidement et en profondeur les pouvoirs publics locaux qui posent des problèmes d'efficacité et de coût. Là aussi, nous avons une obligation de résultats", explique, en pédagogue, Frédéric Lefebvre. Souvent péremptoire dans ces interventions, ce dernier prend ici le soin de ne pas aller trop vite en besogne. "Le débat doit nous permettre de définir à la fois le rythme de la réforme (doit-on la mettre en oeuvre très vite?) et son ampleur (sera-t-elle limitée aux élus ou ira-t-elle jusqu'à la fusion des administrations?)", préfère-il s'interroger prudemment, sur des points de méthode seulement.

Car sur le fond, l'UMP a déjà fait ses choix. Ils sont, là encore sans surprise, ceux du chef de l'Etat. "Notre objectif, c'est la fusion entre les départements et les régions, et non la suppression d'un échelon", indique notamment Frédéric Lefebvre, en référence aux propos tenus par le locataire de l'Elysée jeudi dernier, dans les Vosges. "Pourquoi opposer département et région?", s'était demandé Nicolas Sarkozy. "Je pense profondément qu'on peut réfléchir à un système où, au moment où on élirait un conseiller général, on pourrait aussi prévoir une représentation de la région", avait-il ajouté.

Lefebvre pense à Royal

Mais, s'il dégageait de la sorte l'un des grands axes de la réforme à venir, le Président enterrait surtout toute idée de disparition du département, comme le préconisait en début d'année le rapport Attali, au plus grand mécontentement des élus et d'une partie de la population, attachée à cette entité administrative plus que bicentenaire. L'idée de fusion "entre deux administrations qui ne se parlent pas ou si peu", dixit Nicolas Sarkozy, provoquera-t-elle une telle levée de boucliers? Il est trop tôt pour le dire, mais certains signes ne trompent pas. C'est en effet à l'unanimité de ses 102 membres que l'Assemblée des départements de France (ADF), qui regroupe l'ensemble des présidents des conseils généraux du pays, s'est prononcée contre ce principe.

Le constat a été le même à la tête de régions (ARF). Sauf qu'à ce niveau, les inquiétudes pour l'avenir se doublent de considérations politiciennes, les régions étant quasiment toutes entre les mains de la gauche. Face à la menace d'un mauvais coup, Alain Rousset, président socialiste de la région Aquitaine, mais également de l'ARF, est déjà monté au front. Il a accusé le gouvernement de vouloir, sous couvert de réforme, "tuer les majorités politiques issues du scrutin de 2004". D'autant que Nicolas Sarkozy a en outre émis l'idée de fusionner certaines régions entre elles, comme la Basse et la Haute-Normandie ou la Bretagne et les Pays-de-la-Loire. Lundi, Frédéric Lefebvre a ajouté un exemple savoureux à cette énumération: celui d'un possible rapprochement entre la région Aquitaine et celle du Poitou-Charentes, dirigée par une certaine Ségolène Royal...