lundi 22 décembre 2008

L'express : suite aux déclarations de Frédéric Lefebvre

L'ancien Premier ministre Edouard Balladur rendra fin février au chef de l'Etat son rapport sur l'avenir des collectivités, mais déjà le projet d'une fusion entre départements et régions se dessine.

"Notre objectif, c'est la fusion entre les départements et les régions. Ce n'est pas la suppression d'un échelon, c'est une fusion", a souligné Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP.

L'hypothèse d'une suppression du département, avancée notamment par la commission Attali sur la libération de la croissance, a suscité une levée de boucliers politique.

Nicolas Sarkozy plaide en conséquence pour une plus grande coordination entre régions et départements, "deux administrations qui ne se parlent pas ou si peu".

"Chacun sait qu'entre les départements et les régions, ça ne fonctionne pas. Il faut qu'on s'en sorte", a-t-il estimé.

Pour l'heure, l'exécutif avance prudemment sur cette nouvelle réforme après les passes d'armes sur le travail dominical ou la refonte de l'audiovisuel public.

"Faut-il la mettre en oeuvre très vite ou parvenir à l'objectif final après plusieurs étapes de modification de la structure?", s'est interrogé Frédéric Lefebvre, un proche du chef de l'Etat.

"Il faut aussi savoir si on le limite aux élus ou si on va jusqu'à une fusion des administrations de ces deux niveaux de collectivité", a-t-il précisé.

"UN TAS DE FORMULES POSSIBLES"

Aux rapprochements entre la Basse et la Haute-Normandie et les Pays-de-Loire et la Bretagne déjà évoqués fin novembre par Nicolas Sarkozy, le porte-parole de l'UMP a ajouté celui de l'Aquitaine et de Poitou-Charentes.

Le rapprochement régions-départements fait davantage consensus dans la classe politique, et le camp majoritaire ne désespère pas de rallier le Parti socialiste qui avait opposé une fin de non-recevoir à la réforme constitutionnelle.

L'ancien Premier ministre socialiste Pierre Mauroy et le député PS André Vallini siègent dans le comité présidé par Edouard Balladur.

Le président du Mouvement Démocrate (MoDem), François Bayrou, proposait en outre la fusion dans son programme présidentiel.

Les collectivités concernées sont en revanche aussi peu enthousiastes sur la fusion que sur la suppression et se préparent à une lutte féroce en 2009.

Les 102 présidents de Conseils généraux réunis au sein de l'Assemblée des départements de France (ADF) se sont prononcés mercredi dernier à l'unanimité contre "le principe de fusion entre régions et départements".

Ils réclament avant tout une réforme de la fiscalité locale et une clarification des compétences, soutenus en cela par l'Association des régions de France (ARF).

L'organisation présidée par le socialiste Alain Rousset soupçonne le gouvernement de vouloir "tuer les majorités politiques issues du scrutin de 2004", majoritairement à gauche.

L'Union des conseillers généraux de France (UCGF), classée à droite, est pour l'instant réservée sur le projet de fusion mais ne s'est pas opposée à ce que "les élus départementaux deviennent aussi des conseillers territoriaux".

"Au moment où on élirait un conseiller général, on pourrait aussi prévoir une représentation de la région", a suggéré jeudi dernier Nicolas Sarkozy lors d'un discours dans les Vosges.

Le conditionnel reste de rigueur tant que le rapport de la commission Balladur n'est pas rendu.

"Il y a tout un tas de formules qui sont possibles", a dit le président fin novembre.