jeudi 26 février 2009

"La réforme aboutirait à une usine à gaz"

ITV d'Elisabeth Guigou pour Métro

Que vous inspirent les orientations que préconiserait le comité Balladur ?

Ces propositions nous paraissent absolument régressives. Elles aboutiraient à une usine à gaz. S’il est vrai qu’il faut clarifier les compétences entre les régions et les départements, la fusion annoncée des élus départementaux et régionaux, sous la forme de conseillers territoriaux, constitue un formidable retour en arrière. Elle affaiblirait les régions en les privant du lien avec les électeurs et compromettrait l’efficacité des politiques de proximité des départements. Si on prend l’exemple du Grand Paris, qui compterait 6 millions d’habitants en absorbant les trois départements de la petite couronne, cette échelle est trop grande pour appliquer efficacement les politiques départementales d’aide aux handicapés, aux personnes âgées dépendantes ou aux Rmistes. A l’inverse, c’est beaucoup trop étroit pour que Paris puisse jouer son rôle de grande métropole européenne, c’est-à-dire organiser un développement économique qui irait non seulement au-delà des aéroports de Roissy et d’Orly, mais aussi vers les villes nouvelles et le plateau de Saclay (NDLR : Yvelines, Essonne).

Pourquoi le PS dénonce-t-il une réforme à buts électoraux ?

Le pouvoir actuel ne supporte pas que la gauche soit majoritaire dans la quasi-totalité des régions, dans les départements et les communes. Il cherche donc à affaiblir, soit par le mode de scrutin, soit par la diminution des ressources des collectivités locales, les capacités de collectivités, qui sont une forme de contre-pouvoir. Edouard Balladur dit qu’il va reporter la réforme jusqu’à 2014. C’est bien parce qu’il sent qu’il va y avoir une levée de boucliers en raison de ces arrières pensées électorales. Si cette réforme était si pure, on pourrait la faire tout de suite.

Le député PS André Vallini, qui siège au sein du comité Balladur, a appeler les socialistes à "ne pas apparaître comme des conservateurs"…

André Vallini est libre de ses jugements. Ce que je constate c’est qu’en disant cela, il reprend exactement les arguments de la droite. Nous ne sommes pas pour l’immobilisme et le statu quo. Ce que propose le gouvernement est une contre-réforme. Nous voulons une vraie réforme pour améliorer l’organisation territoriale, pour assurer davantage de transparence, réduire les inégalités territoriales via une vraie réforme de la fiscalité locale, et pour améliorer l’efficacité des politiques publiques.