jeudi 12 février 2009

FACE A FACE: Gérard Collomb/Gérard Larcher

Gérard Collomb, sénateur-maire (PS) de Lyon, président de la communauté urbaine du Grand Lyon
« Ne traitons pas le territoire de façon uniforme »

Une réforme des collectivités locales est-elle la bienvenue?
Je suis favorable à ce que soit revue l’organisation territoriale. Sauvegardons les départements comme échelon de base et ne traitons pas le territoire de façon uniforme. Lorsqu’il y a un important espace rural le département doit rester fort et quand, comme pour l’agglomération lyonnaise, il y a une forte urbanisation c’est la métropole qui doit s’imposer.

Aimeriez-vous tenter une expérience?
Oui, le gouvernement dans sa loi veut favoriser les expérimentations. Je souhaiterais construire une métropole à trois branches : l’agglomération lyonnaise, l’agglomération stéphanoise et le Nord-Isère avec des compétences de planification urbaine afin d’organiser la ville de façon multipolaire, de maintenir des corridors verts avec des axes bleus (fleuves) autour.

Une expérimentation qui serait généralisable?
Bien sûr, je crois que le gouvernement pense à six métropoles.

Vous créeriez ainsi une nouvelle strate alors que l’idée n’est-elle pas de simplifier ?
C’est une nouvelle structure mais qui simplifiera dans la répartition des compétences. Ces métropoles récupérant les compétences culturelles, économiques et de planification urbaine.

Et pour les régions?
Ca ne changerait pas grand-chose. Il faudrait simplement leur donner également la gestion des collèges

Peut-on espérer un consensus autour du rapport Balladur?
Il ne faut pas que la réforme soit à visées électorales. Il faut se détacher de ces contingences et penser l’avenir. Si ça ne devait apparaître que comme des manœuvres pour sauver quelques régions ça entacherait sérieusement la réforme.

Gérard Larcher, président du sénat, sénateur des Yvelynes
« Rendre les territoires plus compétitifs »

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette réforme ?
Audacieux et pragmatique. Audacieux car toutes les solutions peuvent être examinées. Pragmatique car il n’y aura pas de réforme constitutionnelle dans un premier temps et qu’il ne sert à rien de faire de grands moulinets ni casser ce qui marche !

Vers quelle tendance va-t-on ?
Je me garde de conclure, mais on voit que le fait métropolitain a émergé. A Lyon, il y a une réalité de la métropole lyonnaise qui va jusque dans l’Ain : une partie des équilibres classiques est bouleversée. La réponse doit être modulaire : elle ne doit pas être la même en Auvergne ou dans la métropole. Là où la constitution nous permet une expérimentation, pourquoi ne pas mettre en place des nouvelles relations métropole, département, région ? On n’échappe pas à la réalité métropolitaine, ni aux territoires ruraux nouveaux.

Que refusez-vous ?
Je ne veux pas que la commune disparaisse et que la réforme soit uniquement structurelle. Elle doit répondre à un objectif : des territoires compétitifs, des citoyens représentés et associés à ce territoire et des élus en situation d’agir, avec une représentation équilibrée de la majorité et de l’opposition.

Doit-on clarifier les compétences des collectivités ?
Il faut une simplification : identifier qui fait quoi. Les élus locaux veulent y voir clair : ils veulent savoir qui décide, comment bâtir des projets et construire leurs financements.

La région doit-elle prendre en charge la stratégie ? Le département l’action de proximité ?
Il faut que ce soit efficace, clair et simple. Nos propositions seront prêtes à l’automne.