vendredi 14 août 2009

Banc d'essai (Editorital du Monde)

Le scrutin régional de mars 2010 est le dernier rendez-vous électoral significatif avant la présidentielle de 2012. Il n'est donc pas surprenant que Nicolas Sarkozy s'emploie à préparer méthodiquement cette échéance. Six ans après le triomphe du Parti socialiste, qui avait raflé la présidence de vingt régions sur vingt-deux, tous les signes de "reconquête" par la droite lui permettront d'aborder dans des conditions favorables la dernière étape de son quinquennat mais aussi l'amorce d'une seconde candidature - vraisemblable - en 2012.

De grandes manoeuvres sont donc engagées par le président de la République et l'UMP. Sur le terrain strictement politique, l'objectif est d'élargir la majorité présidentielle. Dès le lendemain des élections européennes de juin, le chef de l'Etat a encouragé le ralliement du souverainiste Philippe de Villiers. Le président du Mouvement pour la France (MPF) doit rejoindre, dès la mi-septembre, le comité de liaison de la majorité. Un rapprochement similaire est en cours avec Frédéric Nihous, président du mouvement Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT).

Lassés de leurs scores décevants, à la dernière présidentielle comme aux européennes (où, associés, ils n'ont rassemblé que 4,8 % des voix), les deux hommes jugent qu'ils ont plus à gagner à rejoindre la majorité, dont ils sont d'ailleurs l'un et l'autre issus. Quant à l'UMP, elle peut espérer obtenir, grâce à eux, un renfort significatif dans plusieurs régions : l'apport des voix villiéristes dans les Pays de la Loire notamment, ou celui des "chasseurs" en Poitou-Charentes (la région de Ségolène Royal), en Aquitaine, en Basse-Normandie ou dans le Limousin, pourraient être appréciables.

Au-delà de ces alliances, le lancement annoncé, à l'automne, des réformes des collectivités locales et de la fiscalité locale est une machine de guerre contre la gauche, qui, outre vingt régions, dirige la majorité des départements et des grandes villes. Tout ce qui permettra de faire apparaître les socialistes comme réticents à la réforme, conservateurs et frileux, sera pain bénit pour la campagne de l'UMP au printemps prochain.

La préparation des régionales apparaît donc comme un banc d'essai pour la présidentielle de 2012. Avec un double objectif évident : élargir la majorité pour réduire la dispersion des voix à droite et renforcer la dynamique de premier tour ; affaiblir, isoler et "ringardiser" un peu plus la gauche, et en particulier les socialistes. S'il veut déjouer cette double menace, il est urgent que le PS surmonte ses divisions et sa dépression actuelles.